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Marie J ?
25 janvier 2010

Etoiles de la nuit.

" Tu ne me reverras plus. N'insiste pas. S'il te plait. J'ai aimé nos moments, nos sourires, nos caresses. Mais désormais ; oublie-moi. Fais en sorte que je ne sois plus rien pour toi, que je ne sois qu'un bref souvenir enfoui parmi tant d'autres tellement plus heureux. Je ferai de même pour mon côté. Et même si ça me fait mal, et même si ça nous fait mal, ça ne pourra jamais être pire de ce que ça serait devenu. Inutile de se faire une raison. Nous le savons tous les deux pertinemment. Chut, ne dis rien. Promets moi juste de tenir ce que je viens de te dire. Laisse le temps nous séparer, il y arrivera, tu le sais bien. Un jour, peut-être, nous nous retrouverons. Ce jour n'est pas aujourd'hui. Allez, il est temps, oublions nous. Adieu mon amour, adieu. "

Elle s'en alla.


 

La jeune fille avance. Elle vient juste d'avoir la majorité, pourtant dans ses yeux elle semble déjà avoir tout vécu. En habituée du monde de la nuit elle s'assoit près du bar, interpelle le serveur. Elle prend sa commande.
Cela fait deux minutes qu'elle est entrée pourtant elle sent déjà de nombreux regards se tourner vers elle. Elle n'y fait pas attention. Elle n'y fait plus attention, du moins. De longs cheveux bruns tombent sur son beau visage, ses traits fins. Mais elle n'est pas seulement belle ; tout dans ses manières, dans son sourire en coin légèrement las, sa façon de repousser ses cheveux en arrière a un je-ne-sais-quoi magnétique. La soirée était déjà bien entamée, et plusieurs hommes vinrent lui faire du charme inutile. Elle y était indifférente ; mais pas une indifférente froide et calculée. Une indifférence qui fait plus mal encore, cette indifférence douce et agréable, presque désolée.
Peu à peu elle enchaîna les verres, mais il est certain que c'était voulu. Elle voulait oublier, même si elle ne le montrait pas. Elle commença à rire doucement, de cette joyeuseté propre aux charmes de l'alcool. Qu'importe, après tout? Il semblait au monde entier qu'elle avait déjà tout perdu. Elle finit par oublier le reste, et bientôt, même si son indifférence restait même, son inaccessibilité, elle, baissait à vue d'oeil. Il lui sembla qu'un garçon venait lui proposer quelque chose. Elle ne distinguait pas trop son visage, du moins il lui semblait de drôle compagnie. C'est vrai, ça ! Qu'il était drôle ! Elle riait aux éclats. Elle dansa avec lui, la nuit continuait, et elle ne voulait surtout pas qu'elle s'arrête. Le bar fermait. 
Puis malgré la tardiveté, et son rire joyeux, ses instincts reprirent le dessus et firent comprendre au danseur qu'elle ne voulait plus de lui ; qu'elle était déjà lasse. 

Alors elle sortit dehors ; il faisait froid mais elle ne s'en rendait pas compte. Elle riait encore. Elle se mit à danser toute seule, à la lueur des réverbères renvoyant un éclat funèbre d'une âme qui cherche encore la vie. Mais elle riait, elle riait! Puis, quand ses jambes fatiguées manifestèrent une certaine envie de repos, elle s'assit sur un banc, la tête face aux étoiles qui l'éblouissaient. Déjà elle sentait les effets de l'alcool retomber peu à peu, rendant à son être son misérable exacerbé. Elle voulait pleurer, oui, elle le voulait! Mais encore fallait-il qu'elle le puisse.

Une ombre s'approcha. Il devait être trois ou quatre heures du matin, et près d'un banc une jeune fille ivre et seule, et belle. Cela faisait depuis le début de la soirée qu'il ne la quittait pas des yeux, il l'avait regardé s'oublier douloureusement dans l'alcool, dans les bruits, dans les bras d'un inconnu. Malgré cela il l'avait reconnu tout de suite, malgré les changements produits sur sa personne. Comment aurait-il pu l'oublier? Il n'y avait que son visage qu'il n'avait vraiment aimé.

La fille releva la tête ; d'abord elle ne reconnut personne, puis l'éclat du réverbère éclaira le visage de l'homme à son tour. Un frisson parcouru son corps frêle, et un goût à la fois âpre et doux envahit sa bouche. Se pouvait-il que... ?

L'ombre devenue être devenue espoir prononça ses mots, d'une fois à la fois faible et puissante : 
" Se pourrait-il que ce jour soit cette nuit, mon amour? "

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