Chimère amoureuse.

Et pour la beauté du moment, et pour la saveur du geste, et pour l'émotion tellement plaisante et jouissive que me procurait cette vie de bohème, je souris.
Lui me regardait dans un mélange d'admiration et d'amour, de ses grands yeux bleus qui semblaient si innocents, ou heureux, peut-être, tout simplement.
Il me prit la main, caressant de son pouce ma peau si pâle, multipliant ma béatitude par 10, et m'entraînant au loin dans ce futur imprévisible.
Nous étions seuls et avions l'éternité devant nous, enfin.
Il m'appuya doucement contre un arbre, fit glisser mes cheveux entre ses mains si douces, approcha ses lèvres de mon cou, pour les ramener contre les miennes.
Il m'embrassa, avec cette même force et cette même faiblesse, avec cette même envie et cette même douceur, faisant durer ce moment une éternité, comme si c'était la première fois, et tout semblait dire en lui que j'étais la seule, l'unique et l'ultime, et que s'il me perdait, s'il me perdait il n'était plus rien.
Je profitais de cette sensation qui, malgré le petit bout de chemin qui s'était écoulé, me semblait toujours aussi surprenante et inhabituelle.
Une soudaine envie de lui crier je t'aime, là, maintenant, me saisit brusquement, contre tout, envers tous, de saisir sa main et de ne plus la lâcher, de voyager ensemble et de ne plus jamais connaitre le mot désillusion qui avait tant hanté mon passé. Ce même passé qu'il avait réussi, grâce à ses talents de magicien, à me faire oublier, et à me faire profiter de l'instant présent, à chaque seconde et à chaque minute.
Il se dégagea de moi, fit glisser ses mains sur ma taille, m'emprisonnant de ses bras, me regardant avec passion.
Je me serrais contre lui, sentir son cœur battre et lui donner ma confiance, de manière démesurée, tout en sachant pertinemment au fond de moi que surement ce moment finirait un jour, mais que c'est en cela que ce moment était beau.